Taxonomie verte expliquée | #15
Bonjour à toutes et à tous,
Avez-vous déjà entendu parler du concept de rente de complexité ? Il s’agit des avantages qu’une entreprise peut obtenir dans un environnement complexe où la maîtrise de certaines expertises est indispensable. Depuis plusieurs mois, bon nombre de mécontentements remontent des entreprises vis-à- vis de grands cabinets de conseil et d’audit qui auraient gonflé leurs devis d’accompagnement CSRD, dans un contexte où les entreprises ne peuvent se passer de leurs services.
Chez ici&demain, nous avons à cœur d’accompagner les entreprises à s’approprier les réglementations de manière autonome, plutôt que de les subir. Nous ne vous vendrons pas de formule miracle car comme le disent souvent les invités de CSRD Stories : se transformer, ça prend du temps. Mais si nous pouvons vous aider à bien utiliser ce temps grâce à nos méthodes, alors nous sommes ravies :)
Bonne lecture !
Au sommaire :
CSRD Stories, nouvel épisode avec Nathalie Bardin d’Altarea : la CSRD, c’est un apprentissage, et il n’y a pas de secret, même quand on est déjà un très bon élève, pour apprendre il faut du temps, du temps et du temps ! Retour sur le déploiement par Altarea et quelques conseils pour se préparer à l’exercice.
Taxonomie : revenir sur les bases avant de se lancer. Si le terme “taxonomie” ne vous évoque rien de plus que ces horribles animaux empaillés que l’on trouve en brocante, vous êtes au bon endroit ! Cécile Mazières, manager chez ici&demain reprend les bases, rien que pour vous.
1. CSRD stories, nouvel épisode avec Nathalie Bardin d’Altarea
La CSRD, c’est comme apprendre à jouer d’un nouvel instrument de musique : au début, on n’y comprend rien et au fur et à mesure, on apprend à déchiffrer la partition, on commence à saisir les subtilités, jusqu’à maîtriser l’art tel un maestro.
Chez Altarea, la CSRD a été l’occasion d’aller plus loin encore dans les engagements de ce promoteur immobilier spécialisé : logements, bureaux, logistique, commerce. Comment ? Pas de recette magique, en se plongeant dans la norme, autant que nécessaire, jusqu’à être en mesure de prendre du recul et de traduire cette partition très complexe en langage commun, pour accélérer la transformation du Groupe.
Nathalie Bardin, Directrice marketing, RSE et innovation d’Altarea, a échangé avec Elsa Boniface pour raconter comment la CSRD a été vécue par les équipes.
Voici les 4 idées fortes à retenir de cet échange :
1️⃣La CSRD : un fil rouge stratégique plus qu’un impératif de conformité
Chez Altarea, la CSRD n’est pas une nouvelle contrainte réglementaire mais constitue une opportunité pour unifier les actions RSE au sein de l’entreprise et les priorités business.
→ l’éclairage d’ici&demain : si vous suivez nos publications, vous savez désormais que notre approche consiste à appréhender la CSRD non pas comme une checklist d’indicateurs mais comme un moyen de mettre à plat ce qui est fait et ce qu’il reste à faire pour opérer la transition de son entreprise. Nous en parlions dans notre dernière newsletter : la CSRD doit être un outil au service du financement des entreprises européennes, tout en contribuant à l’objectif de neutralité carbone de l’Europe à horizon 2050.
2️⃣La double matérialité : un outil pour prioriser ses enjeux
L’analyse de double matérialité n’a pas fait émerger des sujets ESG qu’Altarea n’aurait pas déjà identifiés. Elle a surtout permis de mettre le doigt sur les enjeux où ils avaient la plus grande marche à franchir d’un point de vue stratégique - comme par exemple sur les enjeux de biodiversité.
→ l’éclairage d’ici&demain : pour les entreprises matures et engagées en ESG, comme Altarea, la double matérialité est en effet un révélateur stratégique des sujets les plus matériels financièrement. Pour la majorité des entreprises, l’exercice apporte aussi un nouvel éclairage du côté de l’impact. Il permet de faire remonter les sujets de la biodiversité, de l’eau ou des pollutions spécifiques (microplastiques, PFAS…) qui pouvaient être auparavant sous-estimés du fait de leur emplacement plus lointain dans la chaîne de valeur.
3️⃣Convergence finance-RSE : l’étape essentielle d’un reporting réussi
Altarea va au-delà des bonnes pratiques actuelles en intégrant l’ESG dans sa performance globale.
Un exemple d’action pour aligner durablement les objectifs financiers et extra-financiers ? Le bilan carbone. Il est le résultat d’un large travail méthodologique ayant permis d’aligner les trois scopes du bilan carbone d’Altarea sur son périmètre financier.
→ l’éclairage d’ici&demain : dans un premier temps, le rapprochement entre les équipes finance et durabilité vise à définir un langage commun. Les spécificités de la prise en compte des sujets ESG et de la comptabilisation des effets financiers exigent de mettre à plat les différences de périmètres, de méthodes, et d’horizons temporels.
4️⃣Rapport de durabilité : ne pas s'épuiser à atteindre la perfection
“On a 25 % des points de données complets, 25 % partiels, et 50 % pas ou peu adressés, ce qui pose un vrai sujet” admet Nathalie Bardin. Plutôt que de céder à la panique en se fixant comme objectif de répondre à tout, tout de suite, Nathalie Bardin voit ce résultat comme un constat, une photographie à un instant T de là où en est l’entreprise.
→ l’éclairage d’ici&demain : face à cette réalité généralisée, veillez à prioriser les éléments demandés. Partagez votre état des lieux de conformité avec la gouvernance avant les travaux d’audit. Enfin, pour cette première année de publication, gardez l’objectif en tête : fournir aux utilisateurs des états financiers, notamment les investisseurs et les actionnaires, des informations ESG pertinentes et fidèles susceptibles d’infléchir leurs décisions.
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2. Taxonomie : revenir sur les bases avant de se lancer
Nous vous parlons souvent de la CSRD et il y a quinze jours nous abordions la CS3D. Pour compléter le “triangle ESG”, pour reprendre la formule d’Ursula Von der leyen nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur la taxonomie.
Cécile Mazières, manager chez ici&demain, accompagne les entreprises sur la taxonomie. Elle revient en 7 questions sur les grandes lignes de la taxonomie verte :
1) La taxonomie verte, c’est quoi ?
C’est un cadre réglementaire développé par l’Union européenne dans le cadre de la stratégie finance durable et du Pacte vert européen. Il vise notamment à réorienter les investissements vers des activités économiques durables. Mis en place en 2020, il classifie les activités économiques qui contribuent significativement à la transition écologique et à la neutralité carbone, sur la base de critères scientifiques.
2) Quelles entreprises sont soumises à la taxonomie ?
A partir de 2025, toutes les entreprises entrant dans le champ d’application de la CSRD. Avant cela, elle concernait depuis 2021 les entreprises européennes dépassant certains seuils ou émettant des titres sur un marché réglementé.
3) Selon la taxonomie, comment une entreprise contribue-t-elle à la transition écologique ?
La taxonomie ne mesure pas la durabilité globale d'une entreprise, mais plutôt celle de ses activités. Celles-ci peuvent contribuer à six objectifs environnementaux clés :
1. L’atténuation du changement climatique.
2. L’adaptation au changement climatique.
3. L’utilisation durable des ressources en eau et des ressources marines.
4. La transition vers une économie circulaire.
5. La prévention et la réduction de la pollution.
6. La protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes.
4) Sur quels critères une activité est-elle considérée comme durable ?
Pour qu’une activité soit considérée comme durable, elle doit apporter une contribution substantielle à au moins un de ces objectifs en respectant des critères techniques de performance environnementale, sans nuire aux autres (c’est le principe du Do No Significant Harm), tout en respectant des garanties sociales minimales.
5) Peux-tu nous donner des exemples de critères de performance ?
Toute la complexité et aussi toute la puissance de la taxonomie est que ces critères de performance sont définis par secteur. Prenons le critère d’intensité carbone pour l’atténuation du changement climatique. Il se décline différemment selon les secteurs. Un acteur de l’énergie va démontrer un niveau d'émissions de gaz à effet de serre (GES) tout au long du cycle de vie inférieur à 100 gCO₂e/kWh pour une centrale hydroélectrique. Jusqu’au 31 décembre 2025, un acteur du transport (voiture particulière ou véhicule utilitaire léger) devra démontrer que les émissions de GES sont inférieures à 50 g de CO2/Km et à partir du 1er janvier 2026 ces émissions devront être nulles pour être conformes aux critères techniques. Autre exemple, pour le secteur du bâtiment, une rénovation doit permettre une réduction de la consommation d'énergie primaire d'au moins 30 % par rapport à l'état initial.
6) Quelles seront les données à publier ?
Trois grandes catégories de données devront être consolidées par les entreprises
La part des investissements éligibles et alignés avec la taxonomie verte (CapEx)
La part des dépenses opérationnelles éligibles et alignées avec la taxonomie verte (OpEx)
Le pourcentage du chiffre d'affaires issu d'activités éligibles et alignées avec la taxonomie verte (CA)
Bien que le chiffre d'affaires aligné soit généralement le plus commenté, le CAPEX aligné est souvent un meilleur indicateur des ambitions d’une entreprise en matière de durabilité.
7) Ces données seront-elles auditées ?
Oui, de même que les informations requises dans le cadre de la CSRD, celles demandées par la taxonomie verte sont soumises à un audit de vérification. Les auditeurs vérifient : les analyses menées, les calculs, les hypothèses et la traçabilité des sources, et peuvent aussi interroger plus en détail la méthode comptable. Enfin, les auditeurs vérifient également la gouvernance interne des données et l’implication des équipes dans la supervision du reporting.
8) Quelles sont les principales difficultés des entreprises ? Comment les surmonter ?
Les frontières entre les activités éligibles et non éligibles ne sont pas toujours claires, surtout pour les secteurs complexes ou multi-activités. Il faut d’abord réaliser une cartographie de ses activités pour identifier les activités concernées.
Ensuite, les critères techniques sont parfois complexes. Les lignes directrices publiées par la Commission européenne et par certains organismes professionnels sont d’une grande aide.
Enfin, les données nécessaires au reporting ne sont pas toujours disponibles ou facilement traçables. Les systèmes existants ne sont pas conçus pour gérer les indicateurs demandés par la Taxonomie. La première année nécessite d’assurer en priorité la structuration de la donnée et sa centralisation.
9) Un dernier conseil pour nos lecteurs ?
Après l’effort de reporting, nous vous encourageons à soigner la présentation des informations dans votre rapport de durabilité. Au-delà des tableaux réglementaires, la visualisation des données en graphiques ou en tableaux synthétiques accompagnés d’un narratif clair mettra en valeur les résultats.
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Durablement vôtre,
Pauline Roulleau, Elsa Boniface et toute l’équipe de ici&demain.