Notre analyse du PNACC-3 | #20
Dans 6 ans, la France aura gagné +2°C. En 2050 +2,7°C, et en 2100 +4°C. Inondations, pénuries d’eau, feux de forêts, retrait-gonflement des argiles, îlots de chaleur … Notre économie et notre société sont-elles prêtes ?
C’est la réponse que souhaite apporter le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3), lancé par le ministère de la Transition écologique. Ce Plan, qui a fait l’objet d’une consultation publique réunissant 6 000 réponses et dont la synthèse a été publiée début février, a été étrangement peu médiatisé. Pourtant, le PNACC-3 a des implications directes pour tous : entreprises, citoyens, collectivités. Il a un impact concret pour accompagner la continuité d’activité des entreprises, leurs accès aux financements et aux services d’assurances, et s’attache également à prendre en compte la nécessaire adaptation des conditions de travail …
Concrètement, que va-t-il changer pour vous ? Nous avons analysé le PNACC-3 sous l’angle de l’adaptation et de la résilience des entreprises.
Voici les 7 points essentiels que nous vous proposons.
Bonne lecture !
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Le Plan national d’adaptation : un programme collectif
Le PNACC-3 veut faire de l’adaptation au climat un réflexe collectif : Etat, collectivités, entreprises, citoyens. Ce Plan évolutif repose une large consultation et appelle à la mobilisation collective.
Ce Plan est structuré autour de 5 axes, qui sont aussi ses objectifs : protéger la population, renforcer la résilience des territoires et des infrastructures, assurer la sécurité alimentaire, économique et énergétique, préserver la biodiversité et le patrimoine, mobiliser la société et les acteurs économiques.
Nous nous sommes naturellement penchés avec une attention particulière sur le troisième axe, dédié à la résilience de l’économie et des entreprises françaises dans leur globalité, avec des actions spécifiques pour les secteurs identifiés comme les plus exposés aux conséquences du changement climatique.
Voici les 7 points clés à retenir.
1. Une Trajectoire de Réchauffement de Référence (TRACC)
La Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC) sera le socle incontournable pour toutes les stratégies d’adaptation mises en place en France. Elle doit permettre une approche harmonisée et cohérente sur l’ensemble du territoire pour anticiper un réchauffement climatique à +4°C d’ici 2100.
2. Une obligation progressive d’élaborer un plan d’adaptation
Les entreprises devront progressivement évaluer leur vulnérabilité aux risques climatiques et élaborer un plan d’adaptation. Cette obligation concernera en priorité les secteurs critiques (énergie, transports, alimentation, agriculture, forêt, tourisme, pêche) afin d’anticiper les impacts du changement climatique et garantir la continuité des activités essentielles.
3. Des outils d’analyse et de suivi
L’un des obstacles majeurs à l’adaptation des entreprises réside dans le manque d’outils adaptés pour évaluer les impacts du climat sur leur activité.
L’État développera un guide de référence sur les analyses des risques et opportunités, l’intégration des plans d’adaptation dans les plans de continuité d’activité des entreprises, une aide au reporting en lien avec la directive CSRD et la méthode ACT Adaptation de l’ADEME. Des recommandations concrètes autour des solutions fondées sur la nature seront également proposées.
Des guides sectoriels seront également nécessaires pour adresser des réponses concrètes par filière. Sur l’adaptation des cultures et la gestion de l’eau pour l’agriculture par exemple.
Enfin, la plateforme "Mission Transition écologique" recommandera des outils génériques et sectoriels, et le Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique permettra d’identifier plus facilement les outils pertinents.
4. Des actions pour les secteurs les plus sensibles
De nombreuses mesures du Plan visent à protéger les secteurs les plus vulnérables aux impacts climatiques, comme l’agriculture, le tourisme, ou la distribution d’énergie.
L’agriculture, par exemple, est particulièrement exposée aux effets du changement climatique : sécheresses, inondations, stress hydrique et baisse des rendements. Le Plan prévoit plusieurs actions, comme le développement de variétés plus résistantes à la sécheresse, la diversification des cultures et promotion de la transition agroécologique, mais aussi le renforcement des infrastructures d’irrigation et une réforme du système d’assurance récolte pour mieux accompagner les agriculteurs face aux chocs climatiques.
5. Des financements publics et privés pour l’adaptation
L'adaptation sera l’un des critères de financement et de contractualisation de l’État, notamment les Contrats pour la Réussite de la Transition Écologique (CRTE) et les aides publiques comme le Fonds Vert.
S’agissant des institutions financières, plusieurs propositions ont également été formulées afin de mieux intégrer les enjeux de l’adaptation dans leurs activités. Un exemple concret : développer des prêts à taux réduit pour les entreprises qui investissent dans les infrastructures résilientes.
6. Le maintien des assurances contre les risques naturels
Le Plan prévoit la modernisation du système assurantiel et la mise en place d’un dispositif incitant les assureurs à proposer des contrats abordables et à ne pas se retirer des territoires les plus vulnérables. Concrètement, un observatoire de l'assurance des risques climatiques sera mis en place pour renforcer la transparence sur l'évolution des pratiques.
7. Un aménagement des conditions de travail pour 23 secteurs
Certains métiers sont particulièrement exposés aux effets du changement climatique comme les canicules par exemple. France Stratégie en recense 23 comme le bâtiment, l'agriculture ou encore les métiers de la sécurité et du soin.
L’une des mesures du Plan consiste à promouvoir l’aménagement des horaires de travail ou l’évolution des méthodes de travail face à certains risques comme les fortes chaleurs par exemple.
En conclusion : l’adaptation, beaucoup de coûts encore cachés
On ne peut que se réjouir du fait que ce nouveau PNACC-3 ait suscité une large participation et qu’il traite de sujets essentiels transverses, comme celui de la santé des travailleurs.
Néanmoins, «La quasi-totalité des contributions reçues s’inquiètent de l’absence de budget affiché pour les actions du PNACC et alertent sur la nécessité de renforcer le fonds vert et le fonds Barnier », explique le document de synthèse du Ministère de la Transition écologique.
En effet, le sujet des coûts est central et est encore loin d’être résolu. Accès au financement, maintien des assurances, projets d'adaptation... L’adaptation peut demander une transformation colossale des capitaux ou des modèles économiques, qui implique des coûts tout aussi colossaux.
Car les enjeux sont de taille puisqu’il s’agit de la continuité d’activité. En témoigne par exemple RTE, qui a annoncé vouloir investir 100 milliards d’euros pour l’adaptation de son réseau au changement climatique.
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En bref
Voici les 7 points essentiels du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3) à retenir pour votre entreprise
1️⃣ Une trajectoire de réchauffement de référence (+4°C en 2100) pour structurer vos stratégies d’adaptation.
2️⃣ Une obligation progressive pour les entreprises d’élaborer un plan d’adaptation.
3️⃣ De nouveaux outils pour aider les entreprises à anticiper et gérer les risques climatiques.
4️⃣ Des actions ciblées pour les secteurs économiques les plus vulnérables, comme l’agriculture, le tourisme et l’énergie.
5️⃣ Plus de conditions d’adaptation pour les financements publics et privés.
6️⃣ Une incitation au maintien des assurances contre les risques naturels
7️⃣ Un aménagement des conditions de travail pour les métiers les plus sensibles
Enfin, n’oubliez pas que les enjeux comme les coûts sont de taille,
car lorsque l’on parle adaptation, l’enjeu est celui de la continuité de l’activité.
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